Graphiste Nantes / Le printemps des fameuses

ÉVÈNEMENT / Le Printemps des Fameuses / La santé

Je suis arrivée à Nantes depuis quelques mois maintenant, et je découvre avec joie qu’il y a certes moins d’évènements qu’à Paris, mais qu’il est bien plus facile d’être au courant de ce qui s’y passe. Il y a deux semaines, j’ai découvert par hasard « le Printemps des fameuses » (oui, en octobre), festival de l’égalité hommes-femmes, qui a lieu 4 fois par an à Nantes.

Le thème de cette édition était « La santé ». Les interventions étaient variées et de grande qualité : maîtresse de conférence spécialiste de l’histoire des femmes et du genre, médecins, art thérapeute, anthropologue, infirmière, journaliste, sage-femmes, autrices, directrice du planning familial, etc.
> Voir le super programme

SPOILER ALERT / En 2021, la réponse est NON, les femmes ne sont pas aussi bien soignées que les hommes. La douleur des hommes est mieux prise en charge, plus fortement et plus rapidement.

Un héritage historique

Il y a mille façons d’expliquer cet écart, en commençant par une idée reçue historique selon laquelle « la femme est une éternelle malade ». La menstruation est souvent considérée comme un état pathologique, qui entraîne des troubles physiques et psychologiques. D’ailleurs, selon la révolution française, les humains ont des droits parce qu’ils sont de nature humaine. Enfin pas tout à fait, car on invente la « nature féminine », qui exclut les femmes de beaucoup de droits en raison de son statut d’éternelle malade. Avoir mal au ventre pour une femme, c’est normal depuis la puberté, et ces maux sont souvent très minimisés.

Les femmes exclues des essais cliniques, si si !

Les femmes ont pendant longtemps été exclues des essais cliniques (grossesses, règles…). En termes d’efficacité médicamenteuse, dosages, effets secondaires, on pense aux femmes en deuxième intention (ça s’appelle l’androcentrisme). À cause de cela, les femmes sont plus sujettes aux effets secondaires car les médicaments n’ont pas été dosées « pour elles ». Par exemple, la sécheresse vaginale n’est pas indiquée dans les effets indésirables des antidépresseurs, alors que les sécheresses buccale ou oculaire oui.

Il y a eu beaucoup de progrès mais la femme reste sous-représentée dans les études concernant les maladies cardio-vasculaires par exemple (30%), alors que elles sont 7 fois plus mortelles que le cancer du sein. Avant 50 ans, l’infarctus du myocarde est 2 fois plus fréquents que chez la femme que chez l’homme. Pourtant ces maladies sont sous-diagnostiquées chez la femme, il y a même un délai supplémentaire de 60 minutes de prise en charge dans les hôpitaux. Pourquoi ? Parce que les symptômes ne sont pas les mêmes et que ceux de la femme sont méconnus (souvent pas de douleur thoracique par exemple). Et qu’une patiente qui se plaint d’oppression dans la poitrine se verra prescrire des tranquillisants alors qu’un homme sera orienté vers un cardiologue.
> Voir la géniale conférence de Patricia Lemarchand à ce sujet

Les hommes meurent plus du Covid que les femmes. Mais les femmes noires meurent plus que les hommes blancs. 
(Coucou l’intersectionnalité)

 

La matinée était passionnante et a abordé une grandes diversité de sujets que je ne peux pas tous vous raconter, mais que vous pouvez voir quand même dans les super replays. Voici quelques extraits en vrac :

  • La pilule a peu évolué en 60 ans alors que les effets indésirables existent depuis les premiers essais cliniques.
  • Il n’y a pas de recherche sur la fausse douche, d’ailleurs la prise en charge officielle de la grossesse commence à la fin du premier trimestre. Qualité de sommeil, fatigue extrême, vomissements, on parle de « petits maux de la grossesse ».
  • La profession médicale comporte 80% de femmes, mais elle reste hiérarchique et sous l’emprise masculine.
  • La médecine ne regarde pas la spécificité du corps des femmes. Il faut 7 ans pour diagnostiquer une endométriose en France, alors qu’on a par exemple découvert en 1998 que les cellules souches présentes dans le sang des règles sont différentes, aucune étude poursuivie sur le sujet.
  • On ne prescrit pas de testostérone aux femmes atteintes d’endométriose alors que c’est un antalgique naturel très efficace.
  • Les femmes sont concentrées dans des domaines professionnels peu rémunérateurs, et consultent moins pour elles qui pour leurs enfants.
  • Les flashs TV sur le 3919 et les violences faites aux femmes ont été arrêtés après le confinement alors qu’ils ont prouvé leur efficacité.
  • Les sage-femmes deviennent maltraitantes car elles ne sont pas assez nombreuses et ont beaucoup trop de patientes en même temps (exemple dans la conférence : une garde, 19 patientes)

Rendez-vous le 18 décembre pour la prochaine édition sur le thème de l’amour !